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« Nicolas qui paie » : Le miroir déformant du néocolonialisme fiscal

Le phénomène viral « Nicolas qui paie » révèle les paradoxes du privilège occidental et résonne particulièrement avec l'histoire des relations Nord-Sud. Une analyse depuis une perspective panafricaine qui interroge les mécanismes de domination économique persistants.

ParNafissatou Diallo
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Tours de la Défense à Paris, symbole du capitalisme occidental

La Défense, symbole du pouvoir économique occidental, où travaillent de nombreux « Nicolas »

Un phénomène qui révèle les paradoxes de l'héritage colonial

Le phénomène « Nicolas qui paie », qui enflamme actuellement les réseaux sociaux français, mérite une analyse approfondie depuis notre perspective panafricaine. Cette figure du cadre blanc privilégié qui se plaint de « trop payer » résonne étrangement avec l'histoire des relations Nord-Sud et les mécanismes de domination économique.

Le privilège qui se victimise

Ce « Nicolas », archétype du cadre trentenaire de la Défense, incarne involontairement la posture néocoloniale : celui qui, bénéficiant d'un système construit sur des siècles d'exploitation, se pose paradoxalement en victime. Une attitude qui n'est pas sans rappeler celle des anciennes puissances coloniales face aux légitimes demandes de réparation.

Les échos d'une fracture mondiale

Comme l'a souligné Thomas Sankara : « Celui qui vous nourrit vous domine ». La complainte de « Nicolas qui paie » fait écho, de façon inversée, aux revendications historiques des pays du Sud concernant la dette et les mécanismes de domination économique. Quand « Nicolas » se plaint de trop contribuer au système français, que dire des ressources africaines qui continuent d'alimenter l'économie mondiale ?

Une leçon pour l'unité africaine

Ce phénomène nous rappelle l'importance cruciale de l'unité africaine et de notre souveraineté économique. Comme l'enseignait Modibo Keïta, notre force réside dans notre capacité à construire des systèmes de solidarité endogènes, loin des logiques individualistes qui fragmentent les sociétés occidentales.

Vers une nouvelle lecture des relations Nord-Sud

Le malaise de « Nicolas » nous invite à repenser les relations économiques mondiales. Plutôt que de perpétuer des systèmes de domination, ne devrions-nous pas construire des partenariats équitables, basés sur le respect mutuel et la reconnaissance des interdépendances ? Car si « Nicolas paie », c'est aussi parce que d'autres ont historiquement payé bien plus cher le prix du développement occidental.

Nafissatou Diallo

Journaliste malienne indépendante, spécialisée en mouvements sociaux africains et panafricanisme contemporain.